Hector GUIMARD et l'ART NOUVEAU en NORMANDIE article Éric Mangon
- Eric Mangon
- 17 juil. 2022
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 10 avr.
En décembre 2021, la tour de la Vierge Marie (haute de 138 m) de la cathédrale Sagrada Familia a été inaugurée à Barcelone. Cette basilique, qui est en chantier depuis 1882, chef d’œuvre de l’architecte Antoni GAUDI, a reçu plus de 4 millions de visiteurs en 2019. Au même titre qu’Antoni GAUDI en Espagne, Hector GUIMARD est à l’origine en France du style ART NOUVEAU, mouvement artistique et architectural utilisant des lignes courbes inspirées du végétal et de la nature, dans des domaines aussi variés que l’architecture, les arts graphiques, les bijoux, ou la verrerie d’art. À l’époque, on parle du « style GUIMARD ». Ses détracteurs préféreront parler du « style nouille ».
Hector Guimard (1867-1942) :
Diplômé de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts, Hector GUIMARD débute sa carrière d’architecte par la construction du pavillon de l’Électricité lors de l’Exposition Universelle de 1889, avant de concevoir pour la bourgeoisie de l’époque, immeubles et hôtels particuliers à Paris (le Castel Béranger, l’Hôtel Mezzara, l’Hôtel Jassedé...). Il devient aussi créateur de mobilier et bijoux fortement imprégnés de son style reconnaissable, et influencera nombre de créateurs.
La plupart de ces créations figurent désormais dans les collections du Musée d’Art Moderne de New-York ou du Musée d’Orsay à Paris, ou s’arrachent à prix d’or lors de ventes aux enchères. À partir de 1890, période de développement de la mode des bains de mer, GUIMARD construit quelques villas sur la côte normande pour ses clients parisiens aisés. Mais ses œuvres les plus connues restent les typiques entrées en fontes du Métro parisien, édicules édifiés à l’occasion de l’Exposition universelle de 1900. Après la 1re guerre mondiale, en période de reconstruction, Hector GUIMARD qui a perdu ses mécènes parisiens, s’intéresse à la construction standardisée de maisons et dépose une dizaine de demandes de brevets. Hector GUIMARD qui se définissait comme un architecte d’Art, meurt à New-York en 1942.
Une partie de ses œuvres seront détruites pendant la Seconde Guerre mondiale. Des années après sa mort, Salvador DALI parlera de « l’ornementation prophétique de Guimard ».
La mode des bains de mer :
La mode des bains de mer se développe en Normandie au milieu du XIXe siècle. Tout d’abord parce que l’on vante les vertus d’un séjour à la mer pour divers types d’affections (Marcel PROUST séjournera longtemps au Grand Hôtel à Cabourg en raison d’une santé fragile). Puis, une population aisée, souvent parisienne, trouve là l’occasion de s’évader et d’exercer des activités de loisirs en famille.
À l’époque, on se baigne en costume de bain, et on se change dans les cabines de plages louées par les habitants qui trouvent là une source complémentaire de revenus. Le chemin de fer rapproche les côtes normandes de Paris. Affiches publicitaires et cartes postales les font connaître. Des investisseurs avisés achètent dunes et marais en vue de les assainir et les rendre constructibles. Les stations balnéaires se développent (Deauville, Cabourg, Luc-sur-mer…) avec hippodromes et casinos. Les hôtels et villas à l’architecture parfois exubérante foisonnent alors sur la côte normande.
Les réalisations d’ Hector Guimard en Normandie :
À Cabourg, La Surprise (le mari n’ayant eu vent du projet qu’à la réception de la facture), a été construite en 1903 pour une Mme NOZAL. GUIMARD procède en 1907 à son extension en ajoutant trois chambres et un salon. Pendant la Seconde Guerre mondiale, La Surprise sert de dépôt de munitions pour l’armée allemande. La villa sera détruite en 1944.
La zone côtière des communes de Lion-sur-mer et de sa voisine Hermanville-sur-mer (Sword Beach) a moins souffert lors du Débarquement de juin 1944. Ces deux communes possèdent un riche patrimoine de villas anciennes à l’architecture remarquable, visibles depuis la digue (en 1978, POLANSKI a tourné une scène de TESS dans une villa d’Hermanville, Les Tamaris). Sur la commune d’Hermanville subsistent deux réalisations du passage d'Hector Guimard en Normandie, rue du Pré de l’Isle à quelques dizaines de mètres l’une de l’autre. La plus connue, la villa La Bluette, construite pour un avocat parisien, Prosper GRIVELLE, est posée sur la dune face à la mer depuis 1899. Son originalité vient de ses courbes et des matériaux utilisés par l’architecte (coquillages, galets, pans de bois, vague en céramique sur le toit). Conservée en parfait état, cette propriété privée est classée à l’inventaire des Monuments Historiques depuis 2005.
La Sapinière, petit immeuble plus classique d’appartements et de commerces construit vers 1900, a subi quelques dégâts, principalement la perte de la terrasse-balcon en bois qui ornait sa façade. Cette blessure défigure malheureusement l’œuvre de l’architecte. Également propriété privée, La Sapinière, construite en moellons et briques blanches est inscrite depuis décembre 2015 à l’inventaire des Monuments Historiques, pour ses façades et ses toitures. Il s’agit en effet de l’unique exemple connu d’ouvrage collectif construit pour la villégiature par Hector GUIMARD.
Non loin de là, on retrouve l’esprit Art Nouveau dans la pharmacie LESAGE de Douvres la Délivrande, dont la rénovation avait été confiée vers 1901 à M. ROUVRAY, architecte caennais émule d’Hector GUIMARD. L’intérieur et l’extérieur de la pharmacie n’ont pas changé depuis plus d’un siècle.
La Fin de l’Art Nouveau
Vers 1920, un nouveau mouvement artistique observé depuis quelques années et officiellement baptisé Art Déco, remplacera un style devenu démodé. En opposition à l’Art Nouveau, l’Art Déco privilégiera l’utilisation du béton et les formes géométriques. En Normandie, la gare transatlantique de Cherbourg reste aujourd’hui le plus grand monument français style Art Déco des années 1930.

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